MALAISE OF THE 1970s

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Citron, poivre noir, ambrette, pruneau JE, aldéhydes électriques, héliotrope, patchouli, orcanox, cuir…

Contenance : 50 ml

Qté

Balayés, les derniers relents de patchouli qui trainent dans le sillage de l’été de l’amour.

Le malaise a l’odeur métallique de la Dame de Fer qui démolit la société britannique à grands coups de sac à main pour la livrer aux lois du marché.

Le malaise a l’odeur métallique des cordes de guitare qu’on torture dans les squats de chômeurs de Londres, des épingles de sûreté qu’on se plante dans la joue, des lames de rasoir qu’on porte en sautoir.

Le malaise a l’odeur métallique des flancs des vaisseaux spatiaux qui vont nous emporter Anywhere out of this world, comme disait Baudelaire: n’importe-où hors du monde. «Il y a bien longtemps, dans une galaxie très, très lointaine» avec Luke Skywalker et la princesse Leïa. Dans le vaisseau-mère musical de Rencontres du Troisième Type, guidés par François Truffaut dont le regard généreux va bientôt s’éteindre. Dans les entrailles du cargo Nostromo où un Alien à la bave sulfurique, planté dans le corps des prolos de l’espace comme une grossesse inversée monstrueuse, explose comme un cri dans une gerbe de viscères.

Le malaise a l’odeur métallique du sang, oui, mais aussi la brûlure du poivre qui nous monte au nez… Ah… ah… nar… CHIE! Mais encore une curieuse douceur sucrée dans laquelle on s’enfonce comme on broie dans son poing la chair d’un fruit blet. Et l’âcreté du cuir dont on se barde pour faire la nique aux fleurs des hippies. «No More Heroes», martèlent les Stranglers, mais on trouve la Force avec Luke et Leïa.

On tend la main aux doux extraterrestres de Spielberg. On massacre la saleté qui nous ronge de l’intérieur avec Ripley, l’androgyne souveraine. On s’en fout du futur autant que l’antihéros de Trainspotting qui ne sait pas encore qu’il aura un jour les mêmes traits que le Jedi Obi-Wan Kenobi: «Choisis ton avenir. Choisis la vie… Mais pourquoi je ferais ça? J’ai choisi de ne pas choisir la vie. J’ai choisi autre chose. Et la raison? Il n’y a pas de raison. Qui a besoin de raison quand on a l’héroïne?»

Alors on revient à nos premières amours. On choisit l’héroïne. Qu’elle s’appelle Leïa, Ripley ou Sister Morphine, c’est toujours une Dame Blanche qui nous fait basculer hors du monde légué par la baronne Thatcher. Un geste de résistance, comme le parfum, d’ailleurs, ce mal élevé qui nous pompe l’air dès qu’on le sort du flacon. Et qu’on ne peut pas plus empêcher de pénétrer son corps qu’on ne peut s’empêcher de respirer. Malaise of the 1970s, c’est aujourd’hui.

Le fond de l’air est à la crise, mais il sent plutôt bon.

UGS : MAL